Le coton bio

1. Histoire du coton

 

Pour comprendre l’intérêt du coton bio il faut revenir sur l’histoire du coton classique. Son origine est ancestrale, en effet on a retrouvé des traces de cette fibre magique datant de plus de 7000 ans au Mexique et du coton coloré de plus de 5000 ans preuve que le coton représentait déjà un moyen se différencier par la couleur. Dès l’Antiquité, son histoire s’écrit sur le mêmes lignes que le développement du commerce entre les régions du monde. Les Grecs jalousaient déjà ces arbres indiens sur lesquelles poussaient des fruits plus doux que la laine. Au XIIème siècle il arrive en Andalousie et se répand progressivement dans les foires européennes. Mais le véritable décollage du coton et de sa production arrive avec la Révolution Industrielle. Au XVIIIème siècle les inventions comme la machine à filer industrielle d’Hargreaves et la machine à peigner d’Arkwright ont permis de multiplier la productivité par 100 et ont été le véritable fer de lance de la Révolution Industrielle qui a façonné le monde tel qu’on le connaît aujourd’hui. L’industrie textile, essentiellement centré sur le coton, a d’ailleurs été un moyen pour de nombreux pays de lancer sa croissance économique (les 4 tigres d’Asie par exemple) et même si aujourd’hui elle ne revêt pas la même importance que par le passé, son impact reste majeur sur l’environnement.

 

2. Industrie actuelle du coton

 

La culture du cotonnier nécessite une saison végétative longue, beaucoup de soleil et un total de 120 jours arrosés pour assurer la croissance puis un temps sec en fin de cycle végétatif pour permettre la déhiscence des capsules et éviter le pourrissement de la fibre. Ces conditions climatiques se rencontrent généralement sous les latitudes tropicales et subtropicales. Le cotonnier supporte les climats tempérés à condition qu'il ne gèle pas. La Chine et l’Inde sont actuellement les deux premiers producteurs (25% chacun), mais c’est aussi une formidable ressource d’exportation pour les PMA (le Burkina Faso est le 9ème exportateur mondial).  En tout le coton correspond aujourd’hui à environ 40% de la production textile mondiale. 

 

Malheureusement cette culture est aussi trop souvent synonyme d’impacts lourds pour la planète et ses habitants. La culture du coton couvre environ 2,5% des surfaces cultivées mondiales, mais engloutit 25% des insecticides et 10 % des herbicides selon l’Organisation Mondiale de la Santé. De plus, en 2016, 64% du coton cultivé dans le monde était génétiquement modifié (utilisation de chlore, ammoniaque, soude, métaux lourds…) alors que son impact sur les rendements est plus que discutable et que la promesse d’une utilisation moindre des pesticides n’est pas tenue. Ajoutons à cela l’empreinte d’eau moyenne de la fabrication de coton qui est de 10 000 litres par kilogramme et le constat est simple : une alternative doit être rapidement trouvée.


 

3. Le coton bio est-il une alternative crédible ?

​   1.Qu’est-ce-que le coton bio ?

 

Le coton bio est du coton cultivé de manière biologique à l’aide de compost naturel qui remplace les engrais chimiques et les pesticides. Il est sans OGM et la consommation d'eau nécessaire pour sa culture est très fortement réduite par rapport au coton conventionnel. 
 

  2. Un coton moins consommateur en eau

 
Les raisons de cette moindre consommation sont simples :
 
  • Les sols biologiques retiennent mieux l'eau et l'humidité car ils contiennent plus de matière organique. Le plant de coton nécessite donc moins d'irrigation extérieure pour subvenir à ses besoins en eau.
  • Les intrants et produits toxiques utilisés dans la culture du coton conventionnel requièrent une certaine quantité d'eau pour être dilués, ce qui n'est pas le cas pour le coton bio. 
Le résultat est sans appel : selon les sources il consomme 10 à 30 fois moins d'eau que du coton conventionnel. 

 

  3. Un coton meilleur pour la santé des utilisateurs et des producteurs

La culture du coton traditionnelle conduit à l’endettement chronique des paysans et à leur empoisonnement (un million de personnes intoxiquées dont 22 000 morts chaque année selon l’OMS). Les produits toxiques ne sont pas toujours utilisés avec précautions par les agriculteurs, et ces derniers n’ont pas toujours les moyens de s’équiper de protections adéquates Ces produits nocifs se diffusent dans les sols et l’eau, ce qui provoque des problèmes sanitaires chez les habitants de ces régions souvent pauvres. Cultivés sans pesticides et OGM, les plants de coton biologiques permettent ainsi de préserver la santé des travailleurs mais aussi celle des utilisateurs finaux.  En effet les allergènes sont moins présents et la peau beaucoup moins agressé qu’avec du coton conventionnel.  Cela permet d’éviter des réactions cutanées, des démangeaisons intempestives grâce à un tissu plus sain. La culture du coton bio privilégie donc une production de qualité et réalisé dans des conditions décentes pour les cultivateurs, producteurs et ouvriers. Malheureusement aujourd’hui, une infime partie de la production mondiale de coton est certifiée biologique, il représente environ 2 millions de tonnes vendues par an, contre plus de 17 milliards de tonnes de coton conventionnel. 

 

  4. Un coton de meilleure qualité

 

Le coton biologique possède des fibres particulièrement solides, ce qui permet d’avoir des vêtements robustes et durables.  En effet, à cause des traitements agressifs qu’il subit, le coton traditionnel est souvent de moins bonne qualité.
 
Des freins qui n’en font pas la matière parfaite
 
L’immense majorité du coton est fabriquée en dehors de l’Europe, ce qui implique de nombreux transports entre la récolte de la matière brut et la confection et donc gaz à effet de serre. Ce constat vaut aussi bien pour le coton conventionnel que le coton bio.
 
Malgré les économies en eau réalisées (en comparaison avec la culture du coton traditionnel), la culture du coton bio reste quand même gourmande en eau en comparaison d’autres produits comme le lin ou même le coton recylcé.

 

Notre conclusion

 

Le coton bio apparaît comme une réponse crédible à la surutilisation du coton industriel. Plus propre pour l’environnement, il consomme beaucoup moins d’eau et ne représente pas une menace pour la santé des producteurs et des consommateurs. En plus de cela, son prix a largement baissé depuis 10 ans et il est devenu plus accessible pour l’ensemble des populations. Cependant, il ne faut pas uniquement compter sur lui pour sauver l’industrie textile du gouffre environnementale qu’elle est entrain de creuser, en effet cela reste un arbre consommateur d’eau, ressource qui se raréfie avec les années, et les dépenses en CO2 qu’il implique ne sont pas négligeables.

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